Guayasamin, l’art au service du genre humain

« Mi arte es una forma de oración al mismo tiempo que de grito… y la más alta consecuencia del amor y de la soledad »
« Mon art est une forme de prière en même temps qu’un cri…et la plus haute conséquence de l’amour et de la solitude »

Oswaldo Guayasamin est un peintre sculpteur et muraliste équatorien, d’origine métis et amérindienne, qui a fait de sa vie un témoignage à veines ouvertes de l’histoire sud-américaine et plus largement de la condition humaine. Ses peintures, vivantes, nous interpellent, nous questionnent, nous malmènent…La souffrance y est omni-présente, la sensibilité à fleur de peau… Perché sur les hauteurs du quartier de Bellavista, « la capilla del hombre » son musée, s’inspire d’un temple inca, symbole de réconciliation entre le passé de l’homme sud-américain et de son devenir.

« Quiero pintar en la Capilla del Hombre toda la tragedia que hemos tenido a traves de nuestra vida y de nuestra historia en America latina »
« Je veux peindre dans la « Chapelle de l’Homme » toute la tragédie que nous avons pu avoir dans notre vie et dans l’histoire de l’Amérique du sud »

C’est ainsi que Guayasamin décrivait son projet de musée, son œuvre ultime et c’est ainsi qu’il apparait à ses visiteurs: un édifice épuré consacré non à Dieu mais à l’histoire de l’Homme dans tout ce qu’elle suppose d’injustice, de courage, de tragédie et de violence… Ses origines amérindiennes nourrissent son art et alimentent sa quête sans fin de l’identité sud américaine. Une identité sud américaine fière de ses racines indigènes et consciente de son histoire tumultueuse. De même, Quito, sa ville, transparaît dans les tableaux du Pichincha qui trahissent les humeurs changeantes du peintre.

« Los pichinchas son puramente expresión de mi estado de ánimo »
« Les peintures du Pichincha sont de pures expressions de mes états d’âme »

L’œuvre de Guayasamin nous parle de lui, nous parle de nous, de ceux qui ont résisté, de ceux qui sont morts, des dictateurs, des sacrifiés, de la tendresse des mères, du temps qui passe en bégayant, de ce que nous faisons de nous même et de ce que nous faisons des autres. Une invitation à peine déguisée à s’interroger, pour un jour, peut-être, faire mieux…

Elise Jaunet