Quand on pense à la Bolivie et qu’on laisse parler son imaginaire, l’une des premières images qui nous vient en tête, est souvent celle de la « Cholita ».
Chapeau vissé sur la tête, longue tresse terminant au creux des reins, une profusion de jupes et jupons avec parfois un châle négligemment jeté sur les épaules. C’est le comble de l’authentique, la tradition dans toute sa splendeur, l’exotisme originel à coup sûr… Et pourtant… Et pourtant le costume de la « cholita » fut imposé au XVIIIème siécle par le roi d’Espagne Charles III tandis que la coiffure avec la traditionnelle raie au milieu découle d’un décret du vice roi de Toledo. Cela n’enlève rien á la classe ni à la grâce d’une telle tenue ou à l’effet romanesque qu’elle peut produire sur nous, mais invite à sourire…Comme souvent, la tradition est aussi fruit d’ailleurs, affaire de rencontres, de mélanges et l’identité pure, un mythe…
Pendant longtemps, ces tenues (habits « traditionnels » des indiens Aymaras) autant que celles qui les portaient, les « cholas » (terme péjoratif inventé par les conquistadors pour désigner les populations andines) ont été largement discriminées voir tout simplement interdites d’accès à certains emplois ou endroits. Depuis l’arrivée au pouvoir en 2006 d’Evo Morales (1er président indigène de Bolivie toujours en exercice), ces vêtements incarnent le symbole d’une dignité retrouvée. Au sein même du gouvernement on trouve désormais des cholitas. Et loin de se faire le relai d’une image de victimes, celles-ci sont également de plus en plus nombreuses et de plus en plus célèbres pour leurs combats de catch à El Alto.
A l’image d’autres pays sud-américains, la reconquête et surtout la valorisation des racines indigènes de la Bolivie est en marche ….