L’homosexualité, une maladie ?

Nous avons rencontré Paola au Nord de Quito, la capitale de l’Équateur, en Octobre 2011. L’été précédent elle avait décidé de témoigner publiquement, lors d’une représentation théâtrale organisée par l’association Esporadika, des tortures qu’elle avait subies dans une clinique dite de “redressement sexuel”. Suite à ses déclarations, elle avait été contrainte de se cacher. La clinique “un puente a la vida” où elle avait séjourné a depuis lors été fermée, à l’instar de nombreuses autres. Mais le combat continue et notamment la sensibilisations de l’opinion à ces atteintes intolérables aux droits de l’homme.

« L’homosexualité n’est pas une maladie mentale » ainsi qu’a fini par le reconnaitre officiellement l’OMS le 17 mai 1990. On compte pourtant en 2012 en Équateur plus de 200 cliniques de « redressement sexuel » qui opèrent de façon illégale, le plus souvent sous couvert de guérir l’addictologie au drogues. Plusieurs années auparavant, Paola Ziritti, homosexuelle, a ainsi été enfermée pendant 2 ans dans une de ces cliniques de torture. Elle y a subi de façon quotidienne des violences sexuelles, verbales et physiques destinées à la «dé-homosexualiser». 3 mois durant elle a même été menottée, privée de nourriture et aspergée d’urine et d’eau gelée. Son témoignage a fait le tour de la toile venant relayer un combat mené de longue date par les associations de défense des droits des homosexuels ( Fundación Causana, Artikulación Esporádika, Taller de Comunicación Mujer ) et qui trouvait jusqu’alors peu d´écho dans la presse et la société équatorienne. La mobilisation et la multiplication des dénonciations d’anciennes victimes de même que les interpellations publiques organisées par ces associations ont finalement permis une nouvelle prise de conscience de ces violations des droits de l’homme, notamment contraires à la constitution équatorienne de 2008 qui interdit toute forme de discrimination fondée sur l’orientation sexuelle.

En 2012, une trentaine de centres ont été fermés et Carina Vance Mafla (ancienne directrice exécutive de la Fundacion Causana) a également été nommée ministre de la Santé avec pour principale mission de poursuivre l’éradication de ces cliniques et d’impulser plus largement des campagnes de lutte contre l’homophobie.

En voici une:

Texte: Elise Jaunet

Crédits photos : NB: Florencia Castello et Walker Vizcarra/Couleur: Elise Jaunet

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