îles Uros – au coeur du tourisme Péruvien

Départ de Puno, direction les iles Uros. Les tours guides nous promettent des rencontres incroyables et typiques au cœur d’un paysage historique surprenant. Nous n’avons malheureusement pas suffisamment de temps pour chercher une autre alternative alors on se laisse embarquer… Nous partons donc, accompagnés par des dizaines d’homologues Back Packers, à la découverte des iles de totora, construites  au 13ème siècle par les Aymaras… Une dizaine d’embarcations débordantes de touristes ondule le long des carrés flottants du Lac Titicaca. Le timing est serré et le spectacle bien rodé. Pas de doute, le Pérou mise sur l’authenticité tant attendue par ses visiteurs. Le mythe du Péruvien en habits traditionnel se voit volontairement conservé pour ne pas décevoir ces nouveaux explorateurs.

KAAAAAMI SARAAAAAKIIIII répète en coeur la première ligne de femme qui nous tend la main sous une pluie de flash d’appareils photo. Elle nous invitent à rejoindre leur ile flottante, une sorte d’iceberg de paille qui remue sous nos pas. Nous voila maintenant, tous en rond à écouter religieusement les prétendus autochtones qui nous décrivent dans les moindres détails la conception de leurs terres ancestrales. L’espace de quelques minutes, je redécouvre un semblant des coulisses de l’émission « C’est pas sorcier ». Un plan de coupe de l’ile, des tableau explicatifs, tout est là… Les déceptions se lisent déjà sur certains visages occidentaux, « c’est l’arnaque,on se croirait à Disneyland, au Puy du Fou, au safari, cirque ou zoo… » « la mise en scène est grotesque… » les critiques fusent sans discrétion pendant que d’autres touristes se laissent prendre au jeu, se déguisent et visitent les reconstitutions d’habitats indigènes. Je ne peux m’empêcher de penser à cet épisode de south park qui invite Cartman, Stan, Wendy, Kenny à visiter un village de pionniers américains qui campent leur rôle coûte que coûte malgré les événements décrits dans l’épisode…

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C’est vrai que l’on ne s’attendait pas à ce spectacle et pourtant on ne pouvait imaginer une authenticité totale. Les visites sont quotidiennes, rythmées par les rabatteurs de Puno, les agences nationales et internationales… Comment peut on être surpris, par une paire de Nike mêlée à l’habit traditionnel ? Par ce commerce ? Avec du recul je me réjouis que les habitants n’aient pas à subir ces allers et venues, ces centaines de photos prises à la volée sans parfois de regards, de bienveillance ou encore de remerciements. Un mythe de plus, une légende qui comme celle de la petite souris, du père noël ou des oeufs de pâques, vient ajouter un peu de magie au commerce. Des arguments de vente solides que ceux de la réalité et du typique. Mais qu’en est il aujourd’hui du Péruvien typique?  Que fallait il pour rendre cette excursion touristique moins décevante ? Une enseigne qui stipule en lettre capitale que les personnes travaillent et reproduisent ce que peut ou pouvait être la vie aymara ? Etre plus transparent dès le départ sur l’aspect parc d’attraction de ce site ? Le tourisme péruvien est une marque déposée, une source de revenus qui reprend vie depuis le déclin du « sentier lumineux » et ce parfois, maladroitement. Il suffit simplement de regarder les couvertures de guides touristiques pour comprendre pourquoi le Pérou mise autant sur l’aspect traditionnel et ancestral pour combler ces touristes. Après tout n’est pas ce que la majorité recherche?

Sachez tout de même que les Uros existent bel et bien hors reconstitution. On y trouve des écoles et habitats familiaux peuplés par les Péruviens d’aujourd’hui, traditionnels et/ou modernes que l’on peut rencontrer au hasard d’une marche dans les rues de Puno.

Stephen Aubert

Crédits photo: Elise Jaunet